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Vie rêvée des anges (La) - Vie rêvée des anges (La)

Regia:Zonca Erick
Cast e credits:
Scénario: Erick Zonca et Roger Bohbot; image: Agnès Godard; montage: Yannick Kergoat; son: Jean-Luc Audy; interprétation: Elodie Bouchez, Natacha Régnier, Grégoire Colin, Jo Prestia, Patrick Mercado; production: François Lamotte pour Bagherra; distribution: Diaphana; France, 1998; durée: 113’.
Critica (1):Primo, La Vie rêvée des anges, le premier long métrage d’Erick Zonca, raconte une histoire, ou plutôt dresse un décor à l’intérieur duquel écrire cette histoire. Le décor: une grande ville du nord de la France (Lille), et deux jeunes filles qui vont de petits boulots en petis boulots, l’une fermée (Marie, Natacha Régnier), l’autre ouverte (Isa, Elodie Bouchez), mais l’une comme l’autre capables de la plus furieuse énergie. L’histoire: l’espoir, finalement déçu, d’un amour de roman pour la première; et pour la seconde, au bout d’un chemin de compassion et de dévouement, un miracle. Pessimisme social au départ, frémissement romanesque au milieu, embellie mystique à l’arrivée, ce drame en trois temps sonne forcément comme une musique familière : Bresson jadis, Dumont et Civeyrac récemment...
Secundo, La Vie rêvée des anges a un style. Lequel pourrait se résumer d’un mot: l’étincelle. Un plan doit avoir la force éruptive d’une allumette que l’on craque. Une scène correspond donc moins au déroulement d’une action qu’à une certaine intensité, température ou pression. Et les scènes s’enchaînent, moins le long d’un fil narratif, que selon les effets escomptés du jeu de ses intensités, températures ou pressions. Systématiquement et sans transition, le chaud se juxtapose au froid, la tristesse à la gaieté, le jour à la nuit, l’agitation à l’immobilité. L’existence des deux héroïnes (au moins dans la première partie du film) se résume ainsi à la sinusoïde des instants élus par la mise en scène. A l’intérieur de cette logique, les raccords interviennent automatiquement à faux, à contre-temps, en cours de route et comme inopinément. Et ce en complète indépendance avec ce qui est filmé, en sorte qu’abondent les raccords aberrants – tel celui-ci : Isa écrit deux lignes sur une feuille de papier, coupe, elle en a écrit trois! –, en termes d’élégance et de temps (pourquoi vouloir gagner une poignée de photogrammes?), comme si tout était bon pour permettre le maintien de ce principe de la saccade obligatoire. Le son direct, faisant crisser le ventre d’une jeune femme sous la caresse aussi fort qu’un morceau de papier de verre, appelle le même commentaire. L’objet de cette panoplie “impressionniste” n’est rien d’autre, en définitive, qu’une érotisation et une fragilisation constantes des choses. L’un joint à l’autre, cette histoire (et son décor) alliée à ce style, font que La Vie rêvée des anges s’approche avec une netteté rare de l’idée que l’on a, aux quatre coins du monde (à Cannes notamment), d’un film français des années 90. Heureusement il y a plus.
Critica (2):Primo, Zonca, dont les qualités de metteur en scène ne font aucun doute, pénètre son film d’une conscience si aiguë de sa situation – de ce qu’il peut, sous quelles conditions, dans quelles limites –, que celui-ci en acquiert une extraordinaire visibilité; aussi bien à l’intérieur de lui-même, par la précision avec laquelle, à chaque étape de son développement, il identifie, au vu et au su de tous (spectateurs et personnages), ses enjeux; qu’à l’ extérieur, dans le rapport que sa vision entretient avec celle d’autres films (inutile d’aligner les titres). Cela signifie: qu’il est impossible de feindre qu’on ne sait pas ce que c’est, La Vie rêvée des anges , surtout pas ici, aux Cahiers; que la puissance de son “effet de situation” en fait le film final d’une certaine mouvance (celle qu’on a décrite plus haut); qu’on ne peut l’aimer (ou pas) que relativement.
Secundo, Zonca sait que cela – la stricte application d’un programme très franco-français – ne suffit pas. Comme tous les cinéastes qui, se voulant réaliser, empruntent à un moment ou à un autre la forme de la chronique, il sait que la venue, souhaitée ou non, de quelque chose de plus lourd et de plus profond, est inéluctable. Ce poids-là, Zonca va tout simplement l’importer, par l’introduction de deux figures périphériques. Isa et Marie, les deux personnages centraux, sont typées en intensité, idéalement elles se résument à la somme des instants qu’elles vivent et à l’énergie qu’elles y brûlent. Or Isa va se prendre d’affection pour Sandrine, la jeune fille dans le coma dont elle “squatte” (avec Marie) l’appartement, et multiplier les visites auprès d’elle. Or Marie va “bêtement” tomber folle amoureuse de Chris (Grégoire Colin), un fils à papa pas bavard mais efficace. Il va donc se passer ceci que dans un film tout en ruptures, vont faire irruption deux boulets, deux figures typées, non plus en intensité, mais en imaginaire (la belle endormie, le riche amant). Deux boulets, ou encore deux poids morts qui dans leur chute vont entraîner, l’un Isa, l’autre Marie.
Le film va alors changer de visage. Au départ les deux jeunes filles (Marie plus qu’Isa) savent parfaitement où elles sont et ce qu’elles sont, elles sont comme le film lui-même : obsédées par leur situation. On les entend intelligemment disserter sur l’argent qu’elles n’ont pas mais dont elles mesurent le pouvoir et connaissent le circuit. Mais, d’une part, ce savoir s’avère nul, se cantonnant à un exercice complaisant d’autodénigrement (du type: je suis fière de savoir dans quelle merde je suis). Et d’autre part, dès que commencent à peser les deux boulets, il se retourne en croyance aveugle : telles deux ingénues, Isa et Marie se jettent la tête la première dans leur histoire respective. Le plus curieux est encore que le surgissement de cette naïveté n’empêche ni l’une ni l’autre d’avoir les yeux grands ouverts sur les fourvoiements de l’autre, et de dire tout haut ce que le film devrait penser tout bas. Isa connaît la vérité de ce que vit Marie : Chris est un tombeur qui ne pense qu’à la baiser, littéralement et dans tous les sens du terme. Inversement, Marie connaît la vérité d’Isa : elle se prend pour une sainte. Et le film lui-même, par le jeu de poulie franchement grossier d’un miracle et d’une damnation – Sandrine se réveille, Isa est récompensée / Chris plaque sèchement Marie, qui se suicide –, donnera raison à l’une et l’autre interprétations, pourtant toutes deux d’un simplisme tout ce qu’il y a de plus massif.
Le problème de La Vie rêvée des anges, c’est un peu le problème de tous les films qui voudraient – crise oblige – que leurs personnages soient socialement “malins” et, simultanément – car on ne renonce pas à l’envie de raconter une histoire –, fictionnellement aussi purs, naïfs et “prenables” que des nouveaux nés. Zonca réalise un peu tard que si la lucidité et la clairvoyance font de nous de bons acteurs de l’époque, seule la foi (et le désir tenace qui s’y accroche) nous prédispose favorablement à la fiction. Il le réalise d’autant plus durement que dans son film, la société et la fiction obéissent en réalité à la même loi : celle de la supériorité de l’argent et du mépris infini de ceux qui en ont pour ceux qui n’en ont pas, et que pour cette raison Marie eût dû opposer au piège de Chris le même “non” qu’aux petits boulots qui la dégoûtent. Le destin d’Isa fait bien exception, mais d’une façon si exceptionnelle, précisément, qu’il n’a pas valeur d’exemple ni de remède, juste d’échappatoire. C’est contre son système formel que La Vie rêvée des anges prononce en dernière instance la grise victoire des vieux schémas et de leur très vieille morale. Les étincelles, hélas, ne brillaient que sur fond de cendres.
Emmanuel Burdeau, Cahiers du cinéma n. 527, septembre 1998
Critica (3):
Critica (4):
Erick Zonca
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